Projet de loi de finances 2026 : Critères d’éligibilité restreints en 2026
Le secteur de la rénovation énergétique en France traverse une nouvelle période de turbulence.
Après la réforme de septembre dernier, le dispositif MaPrimeRénov’, pilier central de la politique publique visant à encourager la rénovation énergétique des logements, s’apprête à subir une nouvelle révision en 2026.
Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026, présenté en Conseil des ministres le 14 octobre, annonce un resserrement des critères d’éligibilité et un recentrage des aides sur des logements jugés prioritaires.
L’objectif affiché du gouvernement est double : rationaliser les dépenses publiques et mieux cibler les aides vers les habitations les plus énergivores.
Concrètement, les subventions seront désormais prioritairement destinées aux logements classés E, F et G, autrement dit ceux considérés comme des “passoires thermiques”.
Cette orientation marque un changement notable dans la philosophie du programme, qui visait initialement un spectre beaucoup plus large de ménages et de types de travaux.
Le texte précise que les rénovations d’ampleur seront privilégiées pour ces logements prioritaires, tandis que les rénovations par geste, c’est-à-dire les interventions ponctuelles (remplacement d’un équipement, isolation d’un élément particulier, etc.), viseront surtout à favoriser la décarbonation du parc immobilier.
L’accent sera donc mis sur les travaux permettant de réduire directement les émissions de gaz à effet de serre, au détriment de ceux qui améliorent simplement la performance énergétique sans effet immédiat sur le bilan carbone.
Cette réorientation stratégique n’est pas sans conséquence financière.
Le gouvernement espère économiser environ un demi-milliard d’euros grâce à cette rationalisation, une somme partiellement compensée par les certificats d’économie d’énergie (CEE).
Toutefois, plusieurs points demeurent flous : le texte ne précise ni les travaux éligibles dans le nouveau cadre, ni les modalités d’application exactes. On sait simplement que l’isolation des murs et l’installation de chaudières biomasse (à bois ou à granulés) devraient être exclues du dispositif, ce qui suscite déjà des inquiétudes parmi les professionnels du secteur.
Par ailleurs, l’incertitude plane également sur le budget global de MaPrimeRénov’.
Le PLF n’indique pas de montant spécifique pour cette aide, mais il révèle que le programme global « Urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat », auquel elle est rattachée, disposera d’un budget de 1,9 milliard d’euros, soit 750 millions d’euros de moins qu’en 2025.
La situation est d’autant plus préoccupante que l’Agence nationale de l’habitat (Anah), chargée de gérer une partie importante de ces aides, voit, elle aussi ses moyens amputés.
Son budget passera de 2 milliards d’euros en 2025 à 1,5 milliard en 2026, soit une réduction de 500 millions d’euros.
En somme, le projet de loi de finances pour 2026 marque un tournant restrictif dans la politique française de rénovation énergétique. En concentrant les efforts sur les logements les plus énergivores et sur les travaux décarbonés, le gouvernement entend mieux contrôler la dépense publique. Cependant, cette décision risque d’avoir un impact négatif sur l’ensemble du secteur, déjà fragilisé par les précédentes réformes, et de freiner la dynamique de rénovation nécessaire à la transition écologique du parc immobilier français.